Comment les élus des CSE voient-ils cette présidentielle ? Qu'en attendent-ils ? Quels sont les points dont ils aimeraient voir les candidats débattre ? Premier témoignage d'une série d'interview vidéos avec la secrétaire du CSE de Randstad Sud-Est qui évoque -excusez du peu- le travail des élus, la faiblesse des salaires, la détérioration des conditions de travail, la durée du travail et l'âge de départ à la retraite.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Peggy Angard, 45 ans, est secrétaire du CSE de Randstad Sud-Est, un comité de 34 élus pour 14 000 ayants-droits. Dans cette société d'intérim qui compte 5 CSE en France (pour 130 000 salariés), le comité social et économique du Sud-Est ne couvre pas moins de 80 agences et plus de 155 points de contacts. Il n'est donc pas simple de suivre les conditions de travail, nous dit la secrétaire du CSE, qui est également déléguée syndicale CFDT, même si elle estime bien travailler avec la commission santé, sécurité et conditions de travail : "Le véritable problème que nous avons en ce moment, c'est la hausse du taux d'accidents du travail".

L'autre problème majeur aux yeux de cette élue expérimentée, qui a été auparavant secrétaire du CE, concerne le pouvoir d'achat avec des salaires faibles et qui stagnent. "L'endroit par excellence où on ne négocie pas, c'est les NAO, bien que le mot négociation figure dans le sigle", ironise-t-elle. La secrétaire dénonce l'absence de redistribution vers les travailleurs des résultats engrangés, d'autant plus, souligne-t-elle, que l'entreprise a largement bénéficié des mesures fiscales comme le CICE, le crédit d'impôt compétitivité emploi.
Pour les 14 000 ayants-droits, le CSE a fait par ailleurs évoluer sa politique en proposant davantage d'activités en ligne, type vidéos ou billetterie. "Je suis sollicitée tout le temps, au moins deux fois par semaine, par les plateformes numériques. Mais pas question que nous lâchions la main sur le sujet pour tout externaliser", prévient-elle. Au total, elle estime que les ASC représentent environ 1 000 euros par an de pouvoir d'achat en plus pour les salariés. Mais qu'on ne s'y trompe pas : pour l'élue, qui a saisi l'occasion de cette interview pour faire entendre la voix des élus et des salariés de son secteur, le pouvoir d'achat, cela doit rester d'abord les salaires et un juste partage des richesses créées par l'entreprise.

Comme nous lui demandons, au vu de ses idées et de son expérience de représentante du personnel, si elle a un conseil à délivrer aux élus, et notamment aux nouveaux membres des CSE, Peggy Angard nous répond : "Ce qui me paraît important aujourd'hui, c'est l'union au sein du CSE entre les membres et entre les organisations syndicales : il faut faire bloc face à des directions très décomplexées et qui misent sur les divisions. Chez nous, heureusement que nous sommes unis car je n'ai jamais vu, depuis 12 ans que je suis élue, une telle dégradation du dialogue social".
Par ailleurs, celle dont le métier est chargée d'affaires constate qu'elle est confrontée "chaque jour" à des questions relevant du droit du travail sans pour autant être juriste, "et les réponses sont à aller chercher dans le code du travail et dans la jurisprudence de la Cour de cassation". Il faut donc selon elle se former et se documenter sur le plan juridique mais aussi s'entourer d'expert et de conseils.
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